HP 

Heureux.. Oui, heureux !.. Heureux de pouvoir raconter mon histoire à quelqu’un, car vous êtes quelqu’un, cela se voit.

 

On était donc mardi matin.. .. ??.. Non, je me trompe, on était mercredi après midi. Je le sais, parce que le mercredi après midi,  je reste chez moi. Je fais le point..

"0ù qu’on vient ? Où qu’on va ?"

Et j’en arrive très vite à la conclusion que j’ai bien fait de rester chez moi.

 

On était donc samedi soir quand, tout à coup, paf , plus de jambe droite !..

Ça m’a surpris.

Enfin, un peu. Un tout petit peu. Car j’étais sur le qui-vive depuis la disparition de ma jambe gauche. Laquelle ne valait d’ailleurs pas ma jambe droite, ceci dit entre parenthèses, quoique me jambes ne s’y prêtent plus.

 

J’ai donc voulu reprendre la situation en mains. Impossible ! Car, tout aussitôt mon bras droit est tombé par terre et s’est carapaté sur la pointe des pieds.

Alors, là, je me suis fâché. J’ai vu rouge de la tête aux.. aux.. .. !!.. Oui, parce que, là aussi..!!.. Et sans demander son reste !

Enfin, bref, j’ai vu rouge. Car j’y tenais à ce bras. J’y tenais d’autant plus que c’était le seul qui me restait. Je le tenais d’ailleurs de ma mère qui, elle, le tenait de mon père qui, lui, se le tenait pour dit..

Enfin, quoiqu’il en soit, un seul bras pour un ambidextre, car je suis ambidextre, c’est déjà un handicap, mais plus de bras du tout, c’est.. c’est trop !

 

Je ne savais plus où donner de la tête. Vu que, ma tête..!!.. A dire vrai, autant que je m'en souvienne, je n'ai jamais eu de tête !.. Mais, n'en n'ayant jamais eu, il m'est difficile de savoir si elle m'a manqué !

 

Où en étais je ?.. Ha oui !.. Vous comprendrez donc aisément que de telles carences ne peuvent pas vous mener loin !.. Si ce n’est ici.. Hôpital psychiatrique !.. Mais, vu mon état, j’ai demandé à être muté ailleurs. Mais ils ne veulent pas. Ils disent manquer de personnel. C’est vrai d’ailleurs. Un seul psychiatre pour tout l’établissement, c’est peu. J’ai du mal à assurer.

 

Bon, c’est pas tout ça, mais vous m’excuserez, il faut que j’y aille. C’est l’heure de la visite, et mes malades m’attendent.. ??.. .. !!.. Mais dites moi, vous êtes tout pâle ! Ça ne va pas ?

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Georges Berdot 1969