La bougie
Il faisait nuit. Je me suis réveillé. Et je l'ai vu. Il était là. Eclairé par la bougie qu'il tenait à la main. Il était petit, coiffé d’un béret, et vêtu d’une blouse grise. Il allait et venait autour de moi, sans toutefois me prêter attention..
« Vous me cherchez » fis je d’une voix qui se voulait assurée, mais qui ne l’était pas.
« Non » me répondit sèchement l’individu.
« Et pourtant, vous cherchez quelque chose » hasardais-je d’une voix qui se voulait.. mais qui ne l’était pas.
« Exact » me fit l’individu. « Je cherche ».
Cela me semblait évident. Je crus bon toutefois d’énoncer diverses possibilités quant à l’objet de sa recherche..
« La solitude ? »
L’individu haussa les épaules.. « Même en plein désert, les scorpions sentent l’ambre solaire »
« Le bonheur ? »
L’individu renifla.. « Le bonheur est un mot, rien d’autre. Vous le trouverez page 321 du Petit Larousse illustré »
« La puissance ? »
L’individu ricana.. « Je la laisse aux imbéciles, ça leur donne une contenance »
« L’amour ? »
L’individu se gratta la tête.. « J’ai le cœur baudruche. Il gonfle, et puis il éclate. Et il en a toujours été ainsi »
« La liberté ? » et je ne pus m’empêcher de lever bien haut ma bougie..
L’individu eut un sourire désabusé.. « Ce pourrait être cela, mais je ne connais malheureusement qu’une seule forme de liberté, celle de choisir.. de choisir son maître.. et cette liberté là.. !!.. »
« Mais enfin, que cherchez vous ? » m’écriais je d’une voix qui mais qui ne l’était plus du tout !
L’individu me regarda d’un air idiot.. « Tout bêtement, le compteur « électrique, y a les plombs qu’ont sauté ! »
Georges Berdot / 1965