Meurtre              

Il est là, devant moi. Il ne bouge pas. Les yeux sont délavés.  Il dodeline légèrement de la tête. Tout de la buse en équilibre sur sa proie. Il me sourit. Un sourire crispé. Cicatrice en demi lune qui lui lacère le visage.

Il me fait peur et son sourire grandit..

Vous avez peur ?

Sa voix est douce, trop douce. Je grimace un sourire et il éclate de rire..

Rassurez vous, je ne vous veux aucun mal !

Il ment.

Je savais le trouver là en poussant la porte. Et je savais déjà la peur qui me gagnerait en le voyant. Je me suis pourtant assis, sans un mot, déjà pénétré de son regard, déjà dominé par ses gestes lents de sangsue.

Il me tourne brutalement le dos. Il faudrait que je profite de ce moment.

Ne bougez surtout pas !

Il a du me deviner. Je respire très mal. La fenêtre est pourtant grande ouverte sur la rue. Mes cheveux pleurent.

Il se retourne. Il ne sourit plus. Le bras est ballant, comme fatigué. Mais la main, doigts noués sur le manche d'un couteau, ne tremble pas.

Je vous avais prévenu. Je vous avais donné une semaine. Et cela fait déjà trois mois. Je suis désolé pour vous mais..

Il semble sincère. Le ton est blasé.

Vous ne souffrirez pas, je vous en donne ma parole !

Il me faudrait bouger, crier, avertir les gens dans la rue. La main se lève. Il avance tout doucement.

La détonation a fait trembler les vitres de la fenêtre. Il bascule tout doucement mais le regard reste haut, très haut. Il semble surpris. Ses yeux sont secoués de tics. Il tombe le buste droit. Sa tête me heurte les genoux. Elle rend un son mat et le sang gicle de sa bouche.

Je n'ai pas bougé. J'ai tiré à travers la poche de ma veste. j'ai du mal à réaliser.

La porte s'ouvre  et une femme pénètre dans la pièce. Ses yeux se figent. Elle est vêtue de blanc. Elle a les lèvres rouges. Sa blouse est tachée à hauteur du sein gauche. Du chocolat, probablement.

Il me semble la reconnaître. Je me lève. J'ai du retirer ma main de la poche car son visage se vide. Je tente de lui sourire mais elle recule. La vue du revolver semble l'effrayer. Elle frissonne. Va t'elle s'enfuir ou s'évanouir ?.. Elle s'enfuit. Elle hurle..

Il a tué le dentiste ! Il a tué le dentiste !..

Quand j'ai quitté la maison, la salle d'attente était vide..

 

 

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Georges Berdot  


 

 

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